Dans le diocèse de Tarbes et Lourdes, six hommes se préparent à la vie sacerdotale. Notre rôle est de les soutenir par la prière, avant tout, mais aussi de rendre possible leur formation par notre soutien financier. Voilà pourquoi, depuis quelques semaines, le diocèse a lancé une campagne d’appel aux dons spécifiques au profit des vocations. Comment se déroulent les années de séminaire ? Comment nos séminaristes se préparent-ils à servir l’Église dans les Hautes-Pyrénées ? Pourquoi solliciter la générosité des donateurs à ce sujet ?
L’abbé Pierre Jamet, vicaire général, et Oscar Gnangnon, séminariste, répondent à nos questions.
Pour commencer, pouvez- vous nous expliquer ce qu’est un séminariste ?
P.J. : Il faut se rappeler qu’avant tout il y a la communauté chrétienne. C’est au sein de cette communauté chrétienne que certains sont appelés à exercer un ministère particulier, celui d’être prêtre et pasteur. Le séminariste est donc un homme, célibataire, situé dans la tranche d’âge 23–50 ans – peut-être même plus quelquefois – et qui va s’engager dans une formation un peu longue, sur plusieurs années, pour devenir prêtre et servir l’Église dans un territoire particulier. Le séminariste est une personne accompagnée : avant l’entrée au séminaire, un accompagnement spécifique est proposé et mis en place par le diocèse dans lequel il s’engage. C’est une sorte de compagnonnage qui aide au discernement ; cela suppose que le candidat au sacerdoce se soit ouvert auprès d’un prêtre, d’un laïc ou même de son évêque.
Parlez-nous de la formation : comment se déroule-t-elle ?
P.J. : Après un premier discernement, lorsque les choses semblent assez mûres, le candidat démarre une année de propédeutique. « Propédeutique » vient du grec, et signifie : enseigner avant. Il s’agit d’une an- née désormais obligatoire durant laquelle sont déjà abordés quelques fondamentaux de la Bible, de la Tradition, de la théologie, des pères de l’Église, de la philosophie. Cette année est sur- tout axée sur le discernement et structurée par la prière et la lectio divina. Pour nos séminaristes, l’année de propédeutique se fait au séminaire d’Aix-en-Provence. Il faut comprendre qu’il y a trois entités en jeu : le candidat lui-même, les formateurs du séminaire, et le diocèse en la personne de l’évêque. Nous pouvons ajouter à cela les équipes des paroisses au sein desquelles le séminariste va exercer ses stages d’insertion. Après l’année de propédeutique, c’est l’entrée au séminaire Saint-Cyprien, à Toulouse. Le schéma ci-dessous vous permet de voir, comment se décline la formation, et la répartition des enseignements par cycle.
Oscar, où en êtes-vous de votre formation ?
O.G. : J’ai effectué l’année de propédeutique en 2021-2022, puis, en suivant, le premier cycle de ma formation. Durant l’année pastorale qui vient de s’écouler, j’ai effectué ce que nous appelons une année inter-cycle. En France, dans les séminaires diocésains, le stage inter-cycle n’est pas obligatoire mais j’en ai éprouvé le besoin avant d’entrer en théologie. Je viens donc de passer une année auprès de la communauté de Jérusalem et au service de l’ensemble paroissial de la cathédrale.
« Voir la créativité des fidèles et le travail des prêtres sur le terrain. »
Vous désirez être prêtre pour notre diocèse. Comment vous projetez-vous dans le territoire des Hautes- Pyrénées ?
O.G. : Depuis le début de ma formation, j’ai déjà pu fréquenter quelques paroisses : Laloubère, Bourg-de-Bigorre, Lannemezan, et Tarbes. À partir de septembre, je serai dans une autre paroisse pour la suite de ma formation. À chaque fois c’est une découverte, puisque chaque prêtre, chaque lieu, chaque communauté chrétienne, a son style et sa façon de faire. Cela permet de s’enrichir de diverses approches et pratiques. Je trouve cette expérience stimulante parce qu’elle me permet de voir la créativité des fidèles et le travail des prêtres sur le terrain.
Le futur prêtre doit se préparer à vivre, non seulement au sein d’une communauté chrétienne, mais aussi, au milieu du monde, qui ne connaît pas forcément Dieu, qui peut avoir ses tourmentes, et qui n’est pas toujours lisse. Comment le séminaire prépare-t-il à cela, sans mettre les séminaristes sous cloche ?
O.G. : Je ne crois pas que les séminaristes soient mis sous cloche ! Avec la vie communautaire du séminaire, il est impossible d’être sous cloche, car c’est d’abord là que nous sommes confrontés à d’autres sensibilités, d’autres parcours, et quelquefois d’autres convictions. La vie communautaire est parfois exigeante, voire vraiment éprouvante. C’est cela aussi qui permet de grandir !
Depuis quelques semaines, les catholiques du diocèse de Tarbes et Lourdes sont sollicités pour la prise en charge financière des séminaristes. Pourquoi est-ce aux fidèles de supporter cette charge ?
O.G : À titre personnel, ayant fait des études supérieures d’ingénierie bien avant d’entrer au séminaire, je peux comprendre que solliciter les donateurs pour financer nos études puisse faire réagir. Toutefois, il faut comprendre que c’est un choix de l’Église de France que de vouloir garantir la pleine liberté dans le discernement des candidats en faisant en sorte qu’ils ne s’endettent pas. D’autre part, il me semble que pour les séminaristes le fait de suivre un cursus financé par le diocèse et ses donateurs permet de se rappeler que nous ne serons pas prêtres pour nous-mêmes. Si les catholiques du diocèse de Tarbes et Lourdes nous permettent d’aller au bout de notre formation et de devenir prêtre, nous serons ordonnés pour servir l’Église dans ce territoire.
Nous parlons-là d’un mon- tant de 180000€ par an pour tous nos séminaristes. Que comprend ce montant ?
P.J. : Puisque nous avons six séminaristes, le montant total représente environ 30 000 € pour chacun d’eux. Ces 30 000 € se répartissent de la façon suivante : il y a tout d’abord ce qui est relatif à l’hébergement et à l’alimentation : à peu près 11000€. Puis il y a le coût même de la formation, les salaires des formateurs et le lieu de formation : cela représente près de 8 000 €. Par ailleurs, nous engageons dès à présent les séminaristes dans la prise en charge sociale, et cela a un coût d’environ 7 000 €. Ce point-là est très important puisqu’il montre qu’il y a une responsabilité de notre part vis-à-vis de ces jeunes hommes qui envisagent d’engager toute leur vie pour notre Église diocésaine. Enfin, le séminariste reçoit un petit pécule pour gérer son quotidien : environ 3 500 € par an.
Je dirais que financer une telle formation est un investissement qui ne s’amortit pas, sinon dans la durée ! Former nos futurs prêtres est une création de richesses insoupçonnées. Quand le séminariste aura été ordonné, il sera, de par son ministère, en capacité de susciter la foi, la conversion, l’affermissement de la foi : cela n’a pas de prix ! Alors oui, c’est une formation qui a un coût, mais il en va de la pérennité́ de l’Église.
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