Alors que le pays traverse une crise sociale liée à la réforme des retraites et à l’utilisation par le Gouvernement du 49.3 pour la mener jusqu’au bout, les syndicats se mobilisent. C’est le cas pour le syndicat chrétien Confédération Française des Travailleurs Chrétien. Joseph Fourcade, chrétien engagé dans notre diocèse est membre de ce syndicat. Il répond à nos questions.
1- Quelle est la position de la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens sur la réforme des retraites ?
La CFTC ne nie pas l’importance d’équilibrer les comptes afin de pérenniser notre système par répartition, mais elle conteste son urgence et préconise un mix de solutions sans rogner les droits des cotisants.
La CFTC propose d’aller vers un régime universel de retraite qui gommerait les injustices attachées à la coexistence des régimes. Pour revenir sur les évènements de ces derniers jours, la CFTC et ses dirigeants ont toujours été fidèles à la République, à ses institutions et représentants mais la liberté de manifester reste un droit fondamental protégé par notre Constitution. Un constat s’impose : le paysage social de tout le pays révèle l’inquiétude face à la désertification des territoires, le manque de services publics, les incertitudes en matière d’emploi, de salaires et de pouvoir d’achat, sans parler des graves préoccupations du monde agricole.
2- Pouvez-vous nous éclairer sur ce qui va concrètement changer avec cette réforme ?
Les principales mesures concernent l’âge d’ouverture à la retraite qui sera porté à 63 ans et 3 mois en 2027 (génération 65) pour atteindre 64 ans en 2030 (générations 68 et suivantes). Parallèlement, la durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein sera portée à 43 ans en 2027, dès la génération née en 1965
En parallèle, différents dispositifs seront mis en place pour les carrières longues, les régimes spéciaux, la fonction publique, les travailleurs indépendants … et un revenu minimum qui a fait l’objet de nombreuses contradictions et contestations.
3- Dans ce débat virulent, on a pu avoir l’impression que le travail était réduit à un lieu de souffrance, un environnement que l’on a hâte de quitter…. Qu’en pensez-vous ? Le travail est-il mésestimé ou malmené en France ?
Il est des secteurs où le travail n’est pas reconnu à sa juste valeur. On ne mesure pas aujourd’hui à quel point des travailleurs sont indispensables à notre « bien vivre ensemble » alors que d’autres sont trop souvent et injustement mis sur la sellette, sans tenir compte des pressions et des charges de travail qui engendrent des souffrances douloureuses.
Par ailleurs, tous les indicateurs soulignent les écarts de rémunérations qui continuent à se creuser de manière exponentielle. De plus en plus de salariés peinent à trouver un logement ou de quoi se nourrir correctement, ce qui génère des révoltes bien compréhensives.
4- Quelle serait la recette idéale pour que les travailleurs trouvent pleinement joie et sérénité dans leur travail ?
Depuis quelques décennies, le rapport au travail a bien changé. Les nouvelles générations n’ont pas les mêmes priorités que celles de leurs parents ou grands-parents. Les plus jeunes aspirent à davantage de liberté et au changement, ce qui génère souvent des difficultés organisationnelles pour les entreprises.
Associés aux organisations syndicales qui semblent avoir retrouvé leur légitimité, les employeurs doivent tenir compte de ces réalités afin de fidéliser leurs salariés.
Bienveillance et souci du bien commun permettraient l’épanouissement du travailleur sur son lieu de travail.