Synode sur la synodalité

Le mot de notre evêque

L’année pastorale 2022 a été marquée par la mise en œuvre d’une des étapes importantes de la démarche synodale en cours.
Dans le diocèse, 70 équipes se sont retrouvées pour se saisir de cette réflexion importante pour l’Eglise, sa manière d’être et de faire, sa manière d’être conduite par ses pasteurs, etc.
Ce synode sur la synodalité dans l’Eglise qui sera célébré à Rome à l’automne 2023 et à l’automne 2024, ne doit pas être un événement porté par quelques “spécialistes” seulement, mais bien par tout le Peuple de Dieu.

Après la restitution diocésaine de la démarche synodale, en octobre 2022, je vous invite à une journée diocésaine le samedi 20 mai 2023. Nous travaillerons ensemble pour constituer un conseil diocésain de pastorale !

+ Jean-Marc MICAS
Evêque de Tarbes et Lourdes

Actualités : l’assemblée synodale européenne

La délégation française a eu la parole lundi 6 février 2023 devant l’assemblée synodale européenne pour décrire les réactions au document continental en France, grâce aux remontées reçues des diocèses et quelques autres.
Voici le texte de leur intervention.

La session continentale européenne du synode « Synodalité : communion, participation, mission », s’est achevée en février 2023. Son objectif était de discerner sur ce qui a émergé de la phase d’écoute locale et nationale, de formuler plus précisément les questions ouvertes, et de mieux étayer les idées provenant des Églises locales.

Consulter le site dédié à la session continentale de Prague

Dans le diocèse de Tarbes et Lourdes, quelles attentes des chrétiens ?

L’Eglise de Dieu est convoquée en synode. Par cette convocation, le pape François invite l’église entière, prêtres, diacres, religieux, laïcs, fidèles à s’interroger sur sa vie et sa mission.
Participer à cette démarche synodale est notre responsabilité, et a été la responsabilité des paroissiens du diocèse de Tarbes et Lourdes.
Chacune des paroisses des 6 doyennés de notre diocèse, Tarbes, Lourdes, Argelès-Gazost, Bagnères-de-Bigorre, Lannemezan et Vic Maubourguet, est entrée dans cette démarche en répondant aux questions des 10 pôles thématiques.
Une centaine de groupes se sont réunis pour écouter, lire la Parole, discerner et comprendre ce que l’esprit saint suggérait à leur Eglise d’aujourd’hui.
Et s’il faut se réjouir de l’engagement de tout notre diocèse, c’est bien qu’il est signe que ces questions ont rejoint les chrétiens bigourdans dans leur vie de baptisés, leur quotidien, leurs relations à l’église, leurs interrogations, leurs difficultés, leurs espérances, leurs attentes.

Comment s’est déroulé le processus de consultation ?

L’annonce de la démarche synodale a été faite au cours du pèlerinage diocésain, accompagnée d’une vidéo et de la distribution d’une image portant d’un côté le logo du Synode et de l’autre la prière à l’Esprit Saint. Des annonces ont également été faites lors des messes. Les réunions ont eu lieu en petites équipes en paroisse avec pour certaines une réécriture d’un questionnaire simple adapté au groupe, en rapport avec les dix questions soumises par l’équipe diocésaine. Les questionnaires ont été distribués aux paroissiens lors des messes du dimanche, après annonces et explications par le prêtre, ainsi qu’aux organismes paroissiaux : EAP, Secours Catholique, personnes non pratiquantes mais attentives à l’Église. Différents types de rencontres : des groupes, entre 4 et 10 personnes, se sont réunis , plusieurs fois, en et avec d’autres paroisses. Le prêtre ayant inséré dans la feuille paroissiale les questions à réfléchir, un document a été distribué à tous, proposant qu’il soit répondu individuellement à des questions plus précises sur certains thèmes, avant une mise en commun, précédée et suivie d’un temps de prière et d’un moment de convivialité.

Quelle expérience de la synodalité a été vécue au cours de la phase préparatoire ?

Les rencontres pour certains ont été mises sous le regard de Marie en écoutant la prière de la neuvaine à Notre Dame de Lourdes. Pour d’autres, la réflexion s’est faite lors de réunions d’amis autour des membres d’une communauté religieuse, chacune des rencontres débutant par un temps de prière pour se placer sous le regard du Seigneur et entendre ensemble sa Parole. Certains sont constitués en groupe d’une dizaine de personne qui se retrouvent régulièrement, sans être rattachées à une paroisse, mais plutôt à un lieu de prière. Cette expérience de la synodalité a fait émerger des joies et des fruits :
– Il faut prier très profondément les uns pour les autres.
– Il est plus facile de prendre la parole en petit comité qu’en grande assemblée. On est plus à l’aise dans un petit groupe pour parler facilement.
– Nous sommes tous créés à l’image de Dieu. Ce regard conduit au respect, à considérer l’autre dans sa dignité. Marcher ensemble c’est aussi sentir la communion fraternelle. C’est le Christ qui nous rassemble et nous envoie.
– Le synode c’est marcher ensemble, mais il y a plusieurs chemins pour y arriver. Attention aux personnes qui restent sur le bord du chemin.
– Le synode c’est l’occasion d’aiguiser notre écoute, de s’enrichir de points de vue différents afin de changer nos regards et nos attitudes.
– Le synode c’est également apprendre à s’écouter, à laisser parler l’autre jusqu’au bout pour arriver à s’entendre et marcher ensemble.
– Le synode c’est la joie d’avoir osé créer ce petit groupe et de se retrouver en ce temps de désert paroissial. Nous nous sentons faire partie de l’Église. Nous avons fait l’expérience du Christ au milieu de nous. L’expression de nos fragilités dans le respect de l’expérience des autres. Notre boussole est l’Évangile, notre expérience nourrit l’Église. Le chemin parcouru pendant l’expérience synodale est tout aussi important que le résultat produit par le document final.
– Grande joie de vivre ce moment. Encouragé par les prêtre, la démarche synodale a suscité une envie de poursuivre la réflexion. Certains groupes réfléchissent déjà aux modalités de mise en œuvre.
– Ce synode a permis de remettre en route un peuple qui souffrait d’être immobile à cause de la pandémie.

Mais aussi des questions, des tensions :
– Davantage de célébrations vivantes avec chant et musique.
– Marcher ensemble veut dire avec toutes les générations, mais il manque les jeunes et les jeunes parents.
– L’été nous invitons les touristes à participer aux célébrations mais nous manquons d’attention, tout-au-long de l’année, aux nouveaux venus dans la paroisse.
– Les groupes qui marchent ensemble sont les personnes engagées dans la liturgie, le chapelet, le partage d’évangile, le catéchisme, la prière des mères, le chemin de saint Jacques. Les personnes à la marge, personnes âgées, isolées, divorcées, homosexuelles, se sentent loin de l’Église.
– Les prêtres ont trop de clochers et n’ont plus de temps pour vivre en contact avec les paroissiens
– La structure de l’Église n’est pas adaptée, ce synode arrive au bon moment en France compte tenu des circonstances. Il y a là une opportunité pour modifier certaines structures de décision.
– « Écoute Israël !» Écouter, c’est aimer. Les préjugés bloquent l’écoute et nous empêchent d’aimer.

Ce qui ressort de manière significative.

Les difficultés de communication brouillent les relations.

Nous sommes tous des «marginalisés». Les «périphéries» sont partout : dans un monde non-croyant/athée, même les riches sont pauvres d’âme. Il y a des urgences dans tous les sens. Les gens aisés ne sont pas pauvres financièrement mais ils ont soif et cherchent à être écoutés et accueillis aussi.
Il y a un manque de communication. La surenchère des technologies modernes portées par des ambitions de notoriété (pouvoir, argent) pour un monde de plus en plus virtuel et robotisé conduisent ses «ambassadeurs» à faire fi de l’être humain. Les besoins de fraternité, de convivialité, de solidarité et de partage sont des notions qui ne sont pas leur priorité.
Face à cette évolution, les repères du «vivre ensemble» s’étiolent au profit du «chacun pour soi.»
Les remises en cause de l’autorité de la famille, du système éducatif et de ses membres, des dirigeants élus, des institutions de service public (santé, sécurité…), du fonctionnement de l’Église et de son organisation se manifestent aujourd’hui par un mode d’expression agressif.
La contestation immédiate sans réflexion préalable prend le pas sur un débat posé, argumenté, respectueux de la parole des autres même si elle dérange. N’en est-il pas de même dans les communautés paroissiales: difficultés d’écoute, de partage, de collaboration collective?

Comment retrouver l’unité et faire Église ?

L’Église c’est tout le monde, même ceux qui n’ont pas reçu de sacrements, même les curieux, car cela peut ouvrir une porte vers une demande de sacrement, une conversion. Les compagnons de voyages sont tout homme ou toute femme, catholique ou non, de la communauté paroissiale ou pas, avec lequel ou laquelle sont partagées des valeurs. Le monde entier est compagnon de voyage. Nombreux sont ceux qui ont une soif qui se manifeste par des appels à l’amitié, au dialogue, voire une soif de spiritualité ou de «religieux».
L’accueil de toute forme d’expression de la foi doit être respecté, si on veut créer des ponts entre les religions, qu’en est-il de l’accueil de nos frères qui pratiquent le rite extraordinaire ?
Les familles sont des lieux de Parole, mais le voisinage s’appauvrit, réduisant les contacts à un simple « bonjour ! ». Les pratiquants sont-ils uniquement ceux qui vont à la messe le dimanche ? Or nous constatons que davantage se retrouvent dans les mouvements caritatifs, ou d’Église.
Beaucoup vivent dans leur vie quotidienne des valeurs humaines, l’évangile de tous les jours, la fraternité, la compassion, le partage. Ils ne sont plus à l’aise sur le chemin de l’Église, ont besoin de retrouver la confiance, sans ressentir la culpabilité qui vient souvent de la hiérarchie de l‘Église. Il existe un vrai décalage entre ce que demande l’Église, rester sur le même chemin, alors que la société a changé.
L’Église ne connaît pas ou peu les réalités quotidiennes des personnes. Des pistes et solutions apparaissent déjà : il faut remettre de la spiritualité dans ce monde déboussolé qui va trop vite ! et « aimer son frère comme soi-même ». Dynamiser les mouvements d’Église déjà présents, au plus près des personnes en marge des communautés. Valoriser les ministères laïcs et la prise de responsabilités des fidèles.
Etre davantage attentifs aux prêtres, leur montrer qu’ils comptent pour nous.
Établir une relation de confiance entre laïcs, religieux et prêtres, finalement FAIRE COMMUNAUTÉ !

Ombres et lumières.

Le chemin parcouru est aussi important que le document final. Le synode a insufflé une dynamique, pour créer un mouvement, et parfois une véritable conversion.

Mais cet élan a montré des failles et des faiblesses :

Un besoin de formation.
Peu ou pas assez de liens entre les membres actifs des EAP et les paroissiens.
Peu de contacts avec les prêtres.
Une difficulté à toucher ceux qui sont loin de l’Église
Sortir de l’entre-soi
Comment ramener les jeunes dans nos Églises tout en prenant compte de nos aînés ?
Difficulté de « comprendre et accueillir » les prêtres missionnaires. Autrefois on envoyait nos prêtres trop nombreux en Mission dans le monde, aujourd’hui notre diocèse est devenue terre de mission pour des prêtres venus d’Afrique, ou des pays de l’Est de l’Europe. Mais venant de culture et de langue différente, comment les accompagner pour vivre les réalités de nos paroisses et permettre une compréhension mutuelle avec les paroissiens.
Une hiérarchie de l’Église au sein de notre diocèse trop pesante.
Difficulté à accueillir tous nos frères, divorcés/remariés, marginaux etc..

Finalement, comment témoigner de la miséricorde de notre Dieu si nous ne sommes pas capables d’un véritable accueil fraternel ?

En conclusion, quels ont été les « rêves, les envies et les désirs » exprimés ?
Nous ne partons pas de rien dans notre diocèse. Des « petits pas » sont à souligner :

« la semaine missionnaire » dans le Marquisat a été une vraie dynamique missionnaire.
la présence des jeunes mamans catéchistes assure le lien entre les anciens et les jeunes, c’est une excellente expérience.
une meilleure inclusion des « pauvres » grâce aux associations comme le Secours Catholique, Fratello, Habitats Partagés, Saint Vincent de Paul…
les rencontres d’aumônerie rassemblant parents et enfants.
la présence de femmes au Conseil Épiscopal.
formation de groupes pendant le Carême pour lire et comprendre l’Évangile du dimanche.
dans le doyenné d’Argelès-Gazost, il a été décidé de construire un projet, de faire vivre le doyenné. Communiquer est devenu une évidence, évidence pour ne pas rester dans son clocher, s’ouvrir et communiquer avec les autres ensembles paroissiaux pour dynamiser les villages et trouver des pistes pour fonctionner ensemble. « – la nécessité de briser les traditions (on a toujours fait ainsi…) : en nous, dans nos communautés, dans l’institution ecclésiale.
créer et faire vivre une hiérarchie de fraternité dans l’Eglise.
la nécessité de briser les traditions (on a toujours fait ainsi…) : en nous, dans nos communautés, dans l’institution ecclésiale.

En donnant la parole aux fidèles, cette démarche synodale a finalement permis l’expression de chacun, la confrontation d’avis parfois opposés dans une écoute fraternelle et sous le regard de l’Esprit Saint. Elle a fait poindre des désirs et des envies :

L’envie, au sein de l’Église d’accueillir l’ensemble des croyants, engagés ou pas, pratiquants réguliers ou peu, visibles ou invisibles, tous ceux qui sans nommer Dieu, croient en l’Évangile, afin que Nul ne doive quitter l’Église, faute d’y trouver sa place.
L’envie de mieux accueillir à la messe dominicale.
L’envie de mieux être informé, donc de davantage communiquer afin d’être encouragés dans sa mission et d’encourager les autres à s’engager.
L’envie d’être mieux formés afin d’être de « vrais et solides témoins »
L’envie de définir en paroisse, c’est-à-dire en collaboration avec le prêtre, les responsabilités, la vision pour la paroisse afin de pouvoir s’écouter et de marcher ensemble.L’envie de nous rassembler toutes et tous autour du Christ par la prière et le partage.

Annexes

Synthèse de la consultation synodale dans le diocèse :

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Conseil Diocésain de Pastorale

Journée du 20 mai 2023

INSCRIPTIONS et INFORMATIONS